mercredi 6 avril 2016

Exploiter une interview : Fabrice Erre, auteur d'Une année au lycée

Publiées au gré de son inspiration et de l'actualité, les chroniques dessinées de Fabrice Erre, par ailleurs professeur d'histoire, de géographie et d'éducation civique, sont un vrai plaisir de lecteur, que l'on soit enseignant, élève, ou non.
Maniant la caricature et la parodie, la satire et le dessin d'actualité, Fabrice Erre croque avec talent son métier d'enseignant, et est un auteur de bandes dessinées à suivre sur son blog, Une année au lycée, et dans ses albums.


Sachez interpréter la mine de votre professeur, 16 mars 2016

Voici une interview radiophonique diffusée il y a quelque temps dans l'émission Bulle d'Air de la radio scolaire et associative Radio Bouton.
Intéressante par les propos sur l'enseignement et l'apprentissage que Fabrice Erre y développe, cette émission peut également être un support pour travailler la première partie de l'épreuve de compréhension orale du DALF C1. 
On peut ainsi isoler une première partie dans l'interview (8 mn 40) pour l'exploiter dans cette perspective.
Des questions peuvent être posées sur ce qui a conduit Fabrice Erre à devenir enseignant et dessinateur, sur le mythe de l'artiste cancre à l'école, sur les représentations du métier de dessinateur.

Deux autres sujets ont davantage retenu mon attention, dans cette première partie de l'interview. Fabrice Erre évoque les dessins des élèves dans les marges de leurs cours. A contre-courant de l'idée selon laquelle c'est le signe manifeste de l'inattention de l'élève, selon lui, c'est "un moyen efficace de mémoriser les cours", de "personnaliser les pages et faire travailler la mémoire visuelle."

Le second sujet est la représentation de l'enseignant dans ses dessins. Je transcris ses propos : "En étant celui qui incarne et qui exerce cette autorité, il fallait aussi que la représentation soit caricaturale dans ce sens. Donc je me suis fait quelqu'un qui est plus vieux, qui a un aspect plus austère, évidemment [...] Mais, ça n'empêche pas que c'est une projection à la fois de la manière dont moi je me vois quand je deviens prof, quand je rentre dans une salle de classe, et je pense aussi de la manière dont nous voient les élèves, parce que dès qu'ils ont quelqu'un en face d'eux, un professeur, c'est quelqu'un qui appartient à une autre génération, qui est vieux physiquement, qui est vieux dans sa tête aussi."
Avec le temps, va..., 25 mars 2016
Dans la deuxième partie de l'interview, Fabrice Erre s'interroge sur le devenir du savoir transmis par l'enseignant. Il pose en filigrane la question du rapport au savoir de nos élèves : "J'essayais de montrer ce que devenait la parole d'un prof. On dit quelque chose, on attend à ce que l'élève nous dise la même chose dans le devoir. Mais ce n'est pas aussi linéaire que ça. L'enseignement, c'est compliqué [...] On a trente-cinq élèves en face de nous. Ils ne reçoivent pas tous cette parole de la même façon. Ils n'ont pas la même vie, ils n'ont pas la même façon de travailler, ils n'ont pas les mêmes bases culturelles. Donc, évidemment, ce qui ressort, ce sont des choses assez diverses. Et c'est ça qui m'intéresse de faire apparaître, en fait, cette espèce de décalage qui peut exister justement entre une sorte d'institution un peu sûre d'elle, voilà, on a des programmes, on a des méthodes pédagogiques, ça doit donner tel résultat en fonction de tel objectif, ça reste quelque chose de très humain, et donc les résultats ne sont pas toujours ceux qu'on attend."
L'histoire personnelle de chaque élève, ses représentations et sa relation au travail, à l'école, à l'enseignant, influent sur ses apprentissages. 

Bref, une interview intéressante à plus d'un titre.

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