Exploiter un conte de Noël moderne

A l'approche des fêtes de fin d'année, les campagnes publicitaires se parent des atours de Noël : cette année, une publicité de l'enseigne de la grande distribution Intermarché se démarque, et, relayée sur les réseaux sociaux, fait la une des médias.

Voici un excellent support pédagogique à utiliser en classe de collège, en cours de spécialité HLP en classe de 1ère, ou encore dans un cours de FLE.

© ILLOGIC STUDIOS/AGENCE ROMANCE

Le spot publicitaire, intitulé Le mal aimé (en référence à la chanson de Claude François qui l'accompagne), conçu par l'agence de publicité Romance et le studio d'animation Illogic studio, présente le méchant loup des contes merveilleux ostracisé par les animaux de la forêt, à cause de son régime alimentaire carnivore, et découvrant les bienfaits d'une alimentation plus saine et équilibrée, composée de champignons, légumes et autres baies rouges...
Voilà pour le synopsis du film d'animation de près de deux minutes trente, l'occasion d'exploitations pédagogiques multiples.

En collège, la réécriture publicitaire du conte merveilleux permettra au choix de travailler les caractéristiques du personnage malfaisant détourné avec humour (qu'on pense à la scène plutôt drôle où le loup sort d'une clairière la gueule maculée de baies rouges), d'élaborer le schéma narratif et actantiel du conte. On pourra construire la figure du personnage solitaire et marginal, et s'interroger ici sur la morale présente dans tout conte traditionnel : manger comme tout le monde nous rend-il meilleur ?

C'est peut-être là l'un des points de départ de l'analyse de la publicité que l'on peut conduire avec des élèves de spécialité Humanités, littérature, philosophie. En effet, l'un des thèmes au programme de la classe de 1ère de cette spécialité est "l'homme et l'animal" : le spot peut servir d'entrée (sans jeu de mots) en matière à l'étude de ce thème. La publicité, involontairement, pose la question du rapport de l'homme à l'animal, à travers l'anthropomorphisme des personnages du conte, en premier lieu du loup, dont la nature change. De carnivore, il devient végétarien (ou presque, il lui arrive de préparer un plat de poisson frit...). 
De quoi les diverses pratiques alimentaires aujourd'hui des hommes (flexitarisme, végétarisme, végétalisme, et, au-delà du régime alimentaire, véganisme) sont-elles le signe, la manifestation ? Que disent-elles du rapport et de la considération que nous donnons aux autres espèces animales ?
Que disent nos choix alimentaires de nous et de notre rapport à l'animal ?
Que nous dit cette histoire de loup devenu végétarien de la nature de l'animal et de l'instinct animal ? de la nature de l'homme ?

Ce court-métrage d'animation est conçu comme une œuvre en soi (un récit encadré à l'intérieur d'un récit cadre, celui de l'oncle ou de l'ami racontant une belle histoire de loup à l'enfant effrayé par les loups) : il suffit pour s'en convaincre de regarder l'affiche suivante :

La publicité est également une ressource intéressante pour un cours de FLE, tant avec de jeunes élèves qu'avec des apprenants adultes.

Après une phase de restitution orale de l'histoire et d'exploration des thèmes (conte de Noël, métamorphose de soi, marginalité, exclusion et xénophobie, conformisme, acceptation sociale et tyrannie de la majorité) avec en prolongement l'écoute de la chanson de Claude François, écoutable ici, ce peut être l'occasion d'un riche débat autour des pratiques alimentaires culturelles, des uns et des autres, autour du régime alimentaire comme norme sociale, autour du repas comme célébration ou moment de convivialité, sujet particulièrement d'actualité en cette fin d'année.